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Ruben Amorim n’a encore pas pris ses fonctions d’entraîneur de Manchester United que les attentes qui l’entourent risquent déjà de lui compliquer la tâche. Annoncé sur le banc du club de football, le 1er novembre, le technicien portugais de 39 ans commence officiellement son aventure dans le nord de l’Angleterre, lundi 11 novembre, où d’aucuns lui ont fait endosser le costume d’homme providentiel.
Avant de poser ses valises outre-Manche, le coach, recruté pour 10 millions d’euros, avait encore quelques obligations à honorer auprès de son ancien employeur, le Sporting Portugal. Dont un match de Ligue des champions contre le grand rival des Red Devils, Manchester City, qui s’est soldé par une victoire de prestige des Lisboètes : 4-1.
Il n’en fallait pas plus pour que la machine s’emballe. « Les fans de Manchester United sont déjà en train de rêver, Amorim a mis en pièces l’équipe de Pep Guardiola », titrait, le lendemain, The Times, quand le Daily Star ironisait, lui, sur le « réveil brutal » offert par le technicien à « ses nouveaux voisins ».
L’intéressé savait que l’issue de cette rencontre risquait de susciter l’émotion chez les fidèles d’Old Trafford, mettant en garde sur les « conclusions trompeuses ». « Si nous gagnons, ils penseront que le nouvel Alex Ferguson [l’ancien entraîneur emblématique des Red Devils] est arrivé, et ce sera très difficile à soutenir », avait-il prévenu en conférence de presse d’avant-match. Et d’insister, une nouvelle fois, à l’issue de celui-ci : « Nous ne pouvons pas transposer une réalité à une autre. United ne peut pas jouer comme [le Sporting], il ne peut pas être aussi défensif. Bien sûr, c’est bien de battre City. Mais je vivrai dans un monde différent, nous devons partir d’un point différent. »
La mise en garde sera-t-elle suffisante pour tempérer les ardeurs des fans ? Rien n’est moins sûr. Sous l’égide de « Sir Alex », entre 1986 et 2023, Manchester United était l’une des formations les plus craintes d’Europe. Durant son mandat, elle a remporté trente-huit titres toutes compétitions confondues, dont treize en Premier League et deux en Ligue des champions. Mais le départ de l’Ecossais a laissé un vide, que les huit coachs lui ayant succédé n’ont jamais réussi à combler. Depuis, les supporteurs attendent celui qui sera capable de rendre son lustre au club.
Certains s’amusent d’ailleurs déjà des parallèles entre Alex Ferguson et Ruben Amorim. Quand le natif de Glasgow est nommé sur le banc de United, en 1986, le club comptait 12 points après dix journées de championnat… soit autant qu’au moment de l’annonce de l’arrivée du Lisboète, trente-huit ans plus tard. En outre, l’un comme l’autre n’avaient jamais coaché en dehors de leur pays natal avant d’intégrer les Red Devils.
Ruben Amorim, qui a mis fin à sa carrière professionnelle en tant que joueur en 2017, s’est reconverti comme entraîneur dès la saison 2018-19. Après un passage rapide à Braga, il rejoint, en mars 2020, le Sporting, pour un montant de 10 millions d’euros. Dès sa première saison complète en 2021-22, il remporte le championnat, mettant fin à dix-neuf ans de disette du club ; de quoi le hisser parmi les représentants de la jeune garde des techniciens européens.
Convoité par plusieurs écuries européennes – certains l’imaginaient même prendre la relève de Pep Guardiola à City, à la fin du contrat du Catalan en 2025 – il s’engage avec Manchester United alors qu’il réalisait un début de saison parfait avec le club lisboète, toujours invaincu en championnat et en Coupe d’Europe.
Adepte du 3-4-3 et proposant un jeu offensif, Ruben Amorim s’appuie sur un vivier de jeunes joueurs pour construire son effectif. L’entraîneur peut se targuer d’avoir lancé Nuno Mendes, Matheus Nunes ou encore Joao Palhinha sous les couleurs du club lisboète – ces derniers ont depuis rejoint le Paris Saint-Germain, Manchester City et le Bayern Munich. Ou, plus récemment, le Suédois du Sporting, Viktor Gyökeres. Recruté en 2023 en provenance de Coventry City en D2 anglaise, il est aujourd’hui le meilleur buteur d’Europe, avec 23 réalisations en 18 matchs cette saison, toutes compétitions confondues, dont un triplé contre City. « Je ne signerai pas [les joueurs de Sporting] en janvier, a déjà prévenu Ruben Amorim. Je ne sais pas pour l’été. L’essentiel est de tenir jusque-là. Après, on verra. »
A défaut de ses troupes, l’entraîneur va tenter d’importer sa philosophie de jeu outre-Manche. Même si le défi qui l’attend est différent, notamment au regard de la grandeur de l’institution de Manchester United, et la pression à laquelle il devra faire face ne sont pas les mêmes. Il aura la lourde tâche de tenter de mettre à nouveau, sur le devant de la scène, le club du nord de l’Angleterre, qui n’a plus remporté le championnat depuis 2013.
Yanis Soul
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